"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » Français Books » 🌚🌚"La Vie est facile, ne t'inquiète pas" de Marie M. Martin-Lugand🌚🌚

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– Tu as vécu une rupture douloureuse ? Pardon, je suis peut-être un peu brusque…

– Non… c’est un peu plus compliqué que ça… et ce n’est pas évident à expliquer…

– Ne te force pas à me raconter…

– Si, c’est important… tu ne voudras peut-être plus me voir après…

– À moins que tu m’annonces que tu es une meurtrière…

– Je te rassure, je n’ai tué personne ! lui répondis-je en riant.

Mes yeux papillonnèrent de droite à gauche, je soufflai un grand coup avant de me lancer :

– En fait, Olivier… j’ai perdu mon mari et ma fille dans un accident de voiture, il y a trois ans…

– Diane… je suis…

– Ne dis rien, ça va, aujourd’hui. Mais je n’ai eu personne dans ma vie depuis… et je dois dire que…

c’est la première fois que je passe un vrai bon moment avec un homme. Je comprendrais que ça te fasse peur…

Je piquai du nez. J’entrevis Olivier se baisser et chercher à accrocher mon regard par en dessous.

J’eus un petit rire. Il n’était devenu ni distant ni fermé, il était resté le même.

– Un remontant, ça te dit ?

– Oui.

– Je peux passer derrière le bar pour ouvrir une nouvelle bouteille ?

Je hochai la tête et le suivis du regard.

– C’est un rêve d’ado, tu comprends ? ajouta-t-il en riant.

– Je t’en prie, fais-toi plaisir !

Il trouva la bouteille et le tire-bouchon, et nous servit. La concentration qu’il mettait dans l’exécution de sa tâche me toucha et me détendit.

– Ça te va bien. Je pourrais t’embaucher.

– Je ne fais que les extras, me répondit-il avec un clin d’œil.

Il s’apprêtait à me rejoindre quand il remarqua le cadre avec toutes les photos de famille. Il m’interrogea du regard.

– Je peux ?

– Vas-y.

Il se saisit du cadre et l’étudia de plus près.

– Félix avait l’air proche de ta fille.

– C’est son parrain… ça t’ennuie si je fume une clope ?

– Tu es chez toi. Tu ne veux peut-être pas en parler ?

– Si tu as des questions…, lui répondis-je en allumant ma cigarette.

Il reposa le panneau à sa place et me rejoignit.

– Tu as fait quoi ces trois dernières années ? Je veux dire… pour t’en sortir… parce que personne ne peut imaginer ce que tu as traversé.

J’inspirai profondément, pris le temps de finir et d’écraser ma cigarette avant de lui répondre :

– Je suis restée un an enfermée chez nous… Si je suis encore en vie, c’est à Félix que je le dois. Il me secouait tellement que j’ai décidé de partir… J’ai vécu une petite année en Irlande, dans un village paumé, avec la mer à quelques mètres de chez moi…

– C’était comment ?

– Humide, mais ça m’a remuée. C’est beau, c’est très, très beau, tu sais… Les paysages sont grandioses, c’est un pays qui vaut le détour…

Je luttais contre les souvenirs, je refusais de me laisser envahir par mes fantômes irlandais.

– J’ai fini par rentrer au bercail, et je tiens bon depuis. Je n’ai plus envie de mourir… Je veux vivre, mais une vie tranquille, à Paris, aux Gens. Voilà…

Je lui fis un petit sourire.

– Merci de m’avoir confié ça. Je ne t’en demanderai pas plus.

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