Voyages et Aventures du Capitaine HatterasJules Verne
Publication: 1866
Catégorie(s): Fiction, Action & Aventure
Source: http://www.ebooksgratuits.com
A Propos Verne:
Jules Gabriel Verne (February 8, 1828–March 24, 1905) was a French author who pioneered the science-fiction genre. He is best known for novels such as Journey To The Center Of The Earth (1864), Twenty Thousand Leagues Under The Sea (1870), and Around the World in Eighty Days (1873). Verne wrote about space, air, and underwater travel before air travel and practical submarines were invented, and before practical means of space travel had been devised. He is the third most translated author in the world, according to Index Translationum. Some of his books have been made into films. Verne, along with Hugo Gernsback and H. G. Wells, is often popularly referred to as the "Father of Science Fiction". Source: Wikipedia
Disponible sur Feedbooks Verne:
20000 lieues sous les mers (1871)
Voyage au centre de la Terre (1864)
Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873)
De la Terre à la Lune (1865)
Michel Strogoff (1874)
Autour de la Lune (1869)
Une Ville flottante (1870)
Les Enfants du capitaine Grant (1868)
Cinq semaines en ballon (1862)
Les Naufragés du Jonathan (1909)
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Partie 1
LES ANGLAIS AU PÔLE NORD
Chapitre 1 LE FORWARD
« Demain, à la marée descendante, le brick le Forward, capitaine, K.Z., second, Richard Shandon, partira de New Princes Docks pour une destination inconnue. »
Voilà ce que l’on avait pu lire dans le Liverpool Herald du 5 avril 1860.
Le départ d’un brick est un événement de peu d’importance pour le port le plus commerçant de l’Angleterre. Qui s’en apercevrait au milieu des navires de tout tonnage et de toute nationalité, que deux lieues de bassins à flot ont de la peine à contenir ?
Cependant, le 6 avril, dès le matin, une foule considérable couvrait les quais de New Princes Docks ; l’innombrable corporation des marins de la ville semblait s’y être donné rendez-vous. Les ouvriers des warfs environnants avaient abandonné leurs travaux, les négociants leurs sombres comptoirs, les marchands leurs magasins déserts. Les omnibus multicolores, qui longent le mur extérieur des bassins, déversaient à chaque minute leur cargaison de curieux ; la ville ne paraissait plus avoir qu’une seule préoccupation : assister au départ du Forward.
Le Forward était un brick de cent soixante-dix tonneaux, muni d’une hélice et d’une machine à vapeur de la force de cent vingt chevaux. On l’eût volontiers confondu avec les autres bricks du port. Mais, s’il n’offrait rien d’extraordinaire aux yeux du public, les connaisseurs remarquaient en lui certaines particularités auxquelles un marin ne pouvait se méprendre.
Aussi, à bord du Nautilus, ancré non loin, un groupe de matelots se livrait-il à mille conjectures sur la destination du Forward.
– Que penser, disait l’un, de cette mâture ? il n’est pas d’usage, pourtant, que les navires à vapeur soient si largement voilés.
– Il faut, répondit un quartier-maître à large figure rouge, il faut que ce bâtiment-là compte plus sur ses mâts que sur sa machine, et s’il a donné un tel développement à ses hautes voiles, c’est sans doute parce que les basses seront souvent masquées. Ainsi donc, ce n’est pas douteux pour moi, le Forward est destiné aux mers arctiques ou antarctiques, là où les montagnes de glace arrêtent le vent plus qu’il ne convient à un brave et solide navire.
– Vous devez avoir raison, maître Cornhill, reprit un troisième matelot. Avez-vous remarqué aussi cette étrave qui tombe droit à la mer ?
– Ajoute, dit maître Cornhill, qu’elle est revêtue d’un tranchant d’acier fondu affilé comme un rasoir, et capable de couper un trois-ponts en deux, si le Forward, lancé à toute vitesse, l’abordait par le travers.
– Bien sûr, répondit un pilote de la Mersey, car ce brick-là file joliment ses quatorze nœuds à l’heure avec son hélice. C’était merveille de le voir fendre le courant, quand il a fait ses essais. Croyez-moi, c’est un fin marcheur.
– Et à la voile, il n’est guère embarrassé non plus, reprit maître Cornhill ; il va droit dans le vent et gouverne à la main ! Voyez-vous, ce bateau-là va tâter des mers polaires, ou je ne m’appelle pas de mon nom ! Et tenez, encore un détail ! Avez-vous remarqué la large jaumière par laquelle passe la tête de son gouvernail ?
– C’est ma foi vrai, répondirent les interlocuteurs de maître Cornhill ; mais qu’est-ce que cela prouve ?
– Cela prouve, mes garçons, riposta le maître avec une dédaigneuse satisfaction, que vous ne savez ni voir ni réfléchir ; cela prouve qu’on a voulu donner du jeu à la tête de ce gouvernail afin qu’il pût être facilement placé ou déplacé. Or, ignorez-vous qu’au milieu des glaces, c’est une manœuvre qui se reproduit souvent ?
– Parfaitement raisonné, répondirent les matelots du Nautilus.
– Et d’ailleurs, reprit l’un d’eux, le chargement de ce brick confirme l’opinion de maître Cornhill. Je le tiens de Clifton qui s’est bravement embarqué. Le Forward emporte des vivres pour cinq ou six ans, et du charbon en conséquence. Charbon et vivres, c’est là toute sa cargaison, avec une pacotille de vêtements de laine et de peaux de phoque.
– Eh bien, fit maître Cornhill, il n’y a plus à en douter ; mais enfin l’ami, puisque tu connais Clifton, Clifton ne t’a-t-il rien dit de sa destination ?