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Alors Hatteras, retirant le poker du brasier, l’enfonça rapidement dans la muraille. La neige, se vaporisant à son contact, siffla avec un bruit assourdissant. Deux ours accoururent, saisirent la barre rougie et poussèrent un hurlement terrible, au moment ou quatre détonations retentissaient coup sur coup.

– Touchés ! s’écria l’Américain.

– Touchés ! riposta Bell.

– Recommençons, dit Hatteras, en rebouchant momentanément l’ouverture.

Le poker fut plongé dans le fourneau ; au bout de quelques minutes, il était rouge.

Altamont et Bell revinrent prendre leur place, après avoir rechargé les armes ; Hatteras rétablit la meurtrière et y introduisit de nouveau le poker incandescent.

Mais cette fois une surface impénétrable l’arrêta.

– Malédiction ! s’écria l’Américain.

– Qu’y a-t-il ? demanda Johnson.

– Ce qu’il y a ! il y a que ces maudits animaux entassent blocs sur blocs, qu’ils nous murent dans notre maison, qu’ils nous enterrent vivants !

– C’est impossible !

– Voyez, le poker ne peut traverser ! cela finit par être ridicule, à la fin !

Plus que ridicule, cela devenait inquiétant. La situation empirait. Les ours en bêtes très intelligentes, employaient ce moyen pour étouffer leur proie. Ils entassaient les glaçons de manière à rendre toute fuite impossible.

– C’est dur ! dit le vieux Johnson d’un air très mortifié. Que des hommes vous traitent ainsi, passe encore, mais des ours !

Après cette réflexion, deux heures s’écoulèrent sans amener de changement dans la situation des prisonniers ; le projet de sortie était devenu impraticable ; les murailles épaissies arrêtaient tout bruit extérieur. Altamont se promenait avec l’agitation d’un homme audacieux qui s’exaspère de trouver un danger supérieur à son courage. Hatteras songeait avec effroi au docteur, et au péril très sérieux qui le menaçait à son retour.

– Ah ! s’écria Johnson, si M. Clawbonny était ici !

– Eh bien ! que ferait-il ? répondit Altamont.

– Oh ! il saurait bien nous tirer d’affaire !

– Et comment ? demanda l’Américain avec humeur.

– Si je le savais, répondit Johnson, je n’aurais pas besoin de lui. Cependant, je devine bien quel conseil il nous donnerait en ce moment !

– Lequel ?

– Celui de prendre quelque nourriture ! cela ne peut pas nous faire de mal. Au contraire. Qu’en pensez-vous, monsieur Altamont ?

– Mangeons si cela vous fait plaisir, répondit ce dernier, quoique la situation soit bien sotte, pour ne pas dire humiliante.

– Je gage, dit Johnson, qu’après dîner, nous trouverons un moyen quelconque de sortir de là.

On ne répondit pas au maître d’équipage, mais on se mit à table.

Johnson, élevé à l’école du docteur, essaya d’être philosophe dans le danger, mais il n’y réussit guère ; ses plaisanteries lui restaient dans la gorge. D’ailleurs, les prisonniers commençaient à se sentir mal à leur aise ; l’air s’épaississait dans cette demeure hermétiquement fermée ; l’atmosphère ne pouvait se refaire à travers le tuyau des fourneaux qui tiraient mal, et il était facile de prévoir que, dans un temps fort limité, le feu viendrait à s’éteindre ; l’oxygène, absorbé par les poumons et le foyer, ferait bientôt place à l’acide carbonique, dont on connaît l’influence mortelle.

Hatteras s’aperçut le premier de ce nouveau danger ; il ne voulut point le cacher à ses compagnons.

– Alors, il faut sortir à tout prix ! répondit Altamont.

– Oui ! reprit Hatteras ; mais attendons la nuit ; nous ferons un trou à la voûte, cela renouvellera notre provision d’air ; puis, l’un de nous prendra place à ce poste, et de là il fera feu sur les ours.

– C’est le seul parti à prendre, répliqua l’Américain.

Ceci convenu, on attendit le moment de tenter l’aventure, et, pendant les heures qui suivirent, Altamont n’épargna pas ses imprécations contre un état de choses dans lequel, disait-il, « des ours et des hommes étant donnés, ces derniers ne jouaient pas le plus beau rôle ».

Chapitre 13 LA MINE

La nuit arriva, et la lampe du salon commençait déjà à pâlir dans cette atmosphère pauvre d’oxygène.

À huit heures, on fit les derniers préparatifs. Les fusils furent chargés avec soin, et l’on pratiqua une ouverture dans la voûte de la snow-house.

Le travail durait déjà depuis quelques minutes, et Bell s’en tirait adroitement, quand Johnson, quittant la chambre à coucher, dans laquelle il se tenait en observation, revint rapidement vers ses compagnons.

Il semblait inquiet.

– Qu’avez-vous ? lui demanda le capitaine.

– Ce que j’ai ? rien ! répondit le vieux marin en hésitant, et pourtant.

– Mais qu’y a-t-il ? dit Altamont.

– Silence ! n’entendez-vous pas un bruit singulier ?

– De quel côté ?

– Là ! il se passe quelque chose dans la muraille de la chambre !

Bell suspendit son travail ; chacun écouta.

Un bruit éloigné se laissait percevoir, qui semblait produit dans le mur latéral ; on faisait évidemment une trouée dans la glace.

– On gratte ! fit Johnson.

– Ce n’est pas douteux, répondit Altamont.

– Les ours ? dit Bell.

– Oui ! les ours, dit Altamont.

– Ils ont changé de tactique, reprit le vieux marin ; ils ont renoncé à nous étouffer !

– Ou ils nous croient étouffés ! reprit l’Américain, que la colère gagnait très sérieusement.

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