"Unleash your creativity and unlock your potential with MsgBrains.Com - the innovative platform for nurturing your intellect." » Français Books » "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Add to favorite "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker

Select the language in which you want the text you are reading to be translated, then select the words you don't know with the cursor to get the translation above the selected word!




Go to page:
Text Size:

- Sûrement pas.

Je jetai mes affaires dans un sac et je le saluai.

- Restez tant que vous voulez, sergent. Claquez simplement la porte derrière vous.

- Oh, ne vous inquiétez pas, je me suis fait faire un passe de la chambre. Vous al ez vraiment boxer ?

- Oui.

Il eut une hésitation, puis, lorsque je passai le seuil de la porte, je l’entendis m’appeler.

- Attendez-moi, l’écrivain, je vous accompagne finalement.

- Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

- La tentation de vous tabasser. Pourquoi aimez-vous tant la boxe, l’écrivain ?

- C’est une longue histoire, sergent.

Le jeudi 17 juillet, nous rendîmes visite à Neil Rodik, le capitaine de police qui avait codirigé l’enquête en 1975. Il avait aujourd’hui quatre-vingt-cinq ans et vivait sur une chaise roulante, dans une maison pour vieillards du bord de l’océan. Il avait encore en mémoire les sinistres recherches de Nola. Il disait que c’était l’affaire de sa vie.

- Cette gamine qui disparaît, c’était complètement fou ! s’exclama-t-il. Une femme l’avait vue sortir de la forêt, en sang. Le temps d’appeler la police, la gamine avait disparu pour toujours. Le plus étonnant à mes yeux, c’est cette histoire de musique que faisait jouer le père Kel ergan. Ça m’a toujours tracassé. Et puis, je me suis toujours demandé comment on pouvait ne pas remarquer que sa fille avait été enlevée ?

- Donc, pour vous, c’était un enlèvement ? demanda Gahalowood.

- Difficile à dire. Manque de preuves. Est-ce que la petite aurait pu aller se promener dehors et se faire ramasser par un maniaque dans sa camionnette ? Oui, bien sûr.

- Et est-ce que, par hasard, vous vous rappelez le temps qu’il faisait au moment

des recherches ?

- Les conditions météo étaient déplorables, il y avait de la pluie, beaucoup de brume. Pourquoi me posez-vous cette question ?

- Pour savoir si Harry Quebert aurait pu ne pas remarquer qu’on avait creusé dans son jardin.

- Ce n’est pas impossible. La propriété est immense. Avez-vous un jardin, sergent ?

- Oui.

- Quelle taille ?

- Petit.

- Considérez-vous qu’il serait possible que quelqu’un y creuse un trou de taille modeste en votre absence et que vous ne vous en rendiez pas compte ensuite ?

- C’est possible, en effet.

Sur la route du retour vers Concord, Gahalowood me demanda ce que j’en pensais.

- Pour moi, le manuscrit prouve que Nola n’a pas été enlevée chez el e, dis-je.

Elle est partie rejoindre Harry. Ils avaient rendez-vous dans ce motel, el e s’est enfuie discrètement de chez elle, avec la seule chose qui comptait : le livre de Harry, qu’el e avait gardé avec el e. C’est en chemin qu’elle a été enlevée.

Gahalowood esquissa un sourire.

- Je crois que je commence à aimer cette idée, dit-il. Elle s’enfuit de chez el e, ce qui explique que personne n’ait rien entendu. Elle marche sur la route 1, pour aller au Sea Side Motel. Et c’est à ce moment-là qu’el e est enlevée. Ou ramassée sur le bord de la route par quelqu’un en qui el e avait confiance. Nola chérie, a écrit le meurtrier. Il la connaissait. Il propose de la déposer. Et puis, il se met à la toucher. Peut-être qu’il se range sur le bas-côté et qu’il glisse sa main dans sa jupe. Elle se débat : il la frappe, il lui dit de se tenir tranquille. Mais il n’a pas verrouil é les portes de la voiture et elle parvient à s’enfuir. Elle veut se cacher dans la forêt, mais qui habite à côté de la route 1

et de la forêt de Side Creek ?

- Deborah Cooper.

- Exact ! L’agresseur poursuit Nola, laissant sa voiture sur le bord de la route.

Deborah Cooper les voit et appelle la police. Pendant ce temps, l’agresseur rattrape Nola à l’endroit où l’on a retrouvé le sang et les cheveux; el e se défend, il la bat sévèrement. Peut-être même abuse-t-il d’el e. Mais voilà que la police arrive : l’officier Dawn et le Chef Pratt se mettent à fouiller la forêt et se rapprochent peu à peu de lui. Il traîne alors Nola dans les profondeurs de la forêt, mais elle parvient à lui échapper et à rejoindre la maison de Deborah Cooper où elle se réfugie. Dawn et Pratt, eux, poursuivent leur fouil e de la forêt. Ils sont déjà trop loin pour se rendre compte de quoi que ce soit. Deborah Cooper recueil e Nola dans sa cuisine et s’empresse d’aller au salon pour téléphoner à la police. Lorsqu’elle en revient, l’agresseur est là; il a pénétré dans sa maison pour récupérer Nola. Il abat Cooper d’une bal e en plein cœur et emmène Nola avec lui. Il la traîne jusqu’à sa voiture, la jette dans son coffre. Elle est peut-être toujours vivante mais probablement inconsciente : elle a perdu énormément de sang. C’est à ce moment qu’il croise la voiture de l’adjoint du shérif. Une course-poursuite s’engage. Après avoir réussi à semer la police, il se terre à Goose Cove. Il sait que l’endroit est désert, que personne ne viendra le déranger ici.

Les policiers le cherchent plus haut, sur la route de Montburry. Il laisse sa voiture à Goose Cove, avec Nola dedans; peut-être même qu’il la cache dans le garage. Puis il descend sur la plage et il retourne à pied à Aurora. Oui, je suis certain que notre homme habite Aurora : il connaît les routes, il connaît la forêt, il sait que Harry est absent. Il sait tout. Il rentre chez lui sans que personne ne le remarque; il se douche, se change, puis, lorsque la police arrive au domicile des Kellergan où le père vient d’annoncer la disparition de sa fil e, il rejoint la foule des curieux sur Terrace Avenue et s’y mêle. Voilà pourquoi on n’a jamais retrouvé le meurtrier : parce que, quand tout le monde le cherchait autour d’Aurora, il était au milieu de toute l’agitation, au cœur d’Aurora.

- Bon sang, fis-je. Alors il était là ?

- Oui. Je crois que depuis tout ce temps, il était juste là. Au milieu de la nuit, il lui suffira de retourner à Goose Cove en passant par la plage. J’imagine qu’à ce stade, Nola est morte. Alors il l’enterre dans la propriété, à la lisière de la forêt, là où personne ne remarquera que la terre a été retournée. Puis il récupère sa voiture et la range bien sagement dans son garage à lui, d’où il ne la sortira plus pendant un bout de temps pour ne pas éveiller les soupçons. Le crime était parfait.

Je restai bluffé par cette démonstration.

- Qu’est-ce que cela implique pour notre suspect ?

- Un homme seul. Quelqu’un qui ait pu agir sans que personne ne pose de questions et ne lui demande pourquoi il ne veut plus sortir sa voiture du garage.

Quelqu’un qui possède une Chevrolet Monte Carlo noire.

Are sens

Copyright 2023-2059 MsgBrains.Com